Dès le début de la crise sanitaire, la succession rapide des annonces gouvernementales affectant la société française plus généralement, et l’école en particulier, ont généré nombre d’inquiétudes et de questionnements. La communication de l’École, orientée d’abord vers un bilan des cas au sein des familles et parmi les professeurs, s’est recentrée autour de l’organisation d’un enseignement à distance, dit de « continuité pédagogique » et le soutien d’urgence aux familles dites « prioritaires », dont les enfants ne pouvaient être gardés à la maison.

 


Petit Collège

Les vice-présidents du Petit Collège, Carole Checri et Bisser Alexandrov ont communiqué avec M. Lechevalier et M. Bourdeau, par visioconférence, au moins une fois par semaine. Ils leur ont fait part des difficultés qu’enfants et parents rencontraient dans le cadre de l’école à la maison, école à distance, organisée dans l’urgence. Ces difficultés étaient liées notamment aux importantes différences de méthodologies appliquées pour chaque niveau et par chaque maîtresse.

La direction du Petit Collège a été à l’écoute, adaptant son emploi du temps en fonction de nos besoins.

M. Lechevalier a expliqué les mesures prises, leur évolution. Elles ont généralement répondu à la politique de “la moins mauvaise des solutions”, tout en ayant conscience du sous-équipement de certains professeurs en matière informatique pour ce type d’enseignement, ou de professeurs confrontés à des difficultés personnelles d’éloignement, de garde d’enfant ou de santé…

L’esprit inclusif et non-autoritariste de l’École, la liberté pédagogique, ont été ressentis comme un handicap par certaines familles qui attendaient davantage d’homogénéité entre les classes d’un même niveau. Les parents ont été sensibles au maintien d’un esprit d’écoute, de collaboration, de solidarité et de recherche du bien-être collectif.

La direction a apprécié les retours sur le ressenti des parents et a tenu compte des demandes de l’apeea.

Tous les élèves du Petit Collège ont pu retourner à l’École lorsque le gouvernement a modifié mi-juin le protocole sanitaire initial, sous forme d’un protocole officiel différencié selon les âges. Ces retrouvailles, mêmes brèves, semblent avoir été très bénéfiques pour les élèves et très appréciées par les parents.

Grand Collège

D’une façon similaire, les vice-présidents du Grand Collège, Benjamin Coutrot et Etienne Li ont rencontré très fréquemment (une fois par semaine) par visioconférence l’équipe du Grand Collège, M. Parent, M. Portnoy, M. Fabrejon, Mme Benso puis Mme Ellinger, et travaillé avec eux sur les problèmes que cette crise a provoqués dans les différents niveaux, dans un esprit de pragmatisme et de collaboration.

Comme au Petit Collège, L’esprit de l’École a été à la fois une source de frustration pour les familles qui auraient aimé plus d’autorité et de maintien sous une forme très proche de l’enseignement habituel, et une source de satisfaction pour les familles qui ont pu bénéficier de suivis et de méthodes d’enseignement à distance très divers. Nous citerons seulement le cas controversé d’un professeur de mathématiques apprécié qui habituellement voyage depuis son lieu de résidence dans le sud de la France pour assurer son service à l’École et qui, dans l’impossibilité de voyager et confiné dans une « zone blanche », a assuré des cours de maths par texto, finalement plus riches que ce qu’on aurait pu imaginer. De nombreux cas individuels ont été remontés et la direction de l’École a apprécié l’utilité de ces échanges avec l’apeea, lui permettant de mettre en lumière des situations extrêmes, et de tenter d’y apporter des solutions.

Comme au Petit Collège, les annonces successives et le changement final du protocole sanitaire ont permis un retour pour les élèves de collège sur un emploi du temps normal.

Le travail de fond de l’apeea sur le maintien des exigences d’une mission éducative partagée entre École et parents dans le contexte renversé de l’École à la maison, l’évaluation et la remédiation, ont été suivies de propositions réfléchies, mais souvent bousculées et emportées par le changement de paradigme suivant. Le niveau des premières, premier niveau à vivre la réforme du bac, a concentré une grande part des discussions car les sujets d’inquiétudes étaient nombreux (bac français, spécialité non poursuivie en Terminale, E3C, sans compter les problèmes rencontrés par chacun des professeurs individuellement).

Bilan

Le travail entre l’apeea et la direction a permis la mise en place d’un dialogue continu et productif qui n’est pas achevé, au jour où s’installent dans l’École les jurys du baccalauréat dont la tâche est devenue innovante par nécessité.

Nous avons contribué à favoriser l’évolution de cette gestion de crise par l’École. Elle s’est avérée plus difficile qu’elle n’y paraissait à première vue.

Pour tenir compte des remontées de tous les niveaux, nous avons beaucoup insisté sur :

- l’insatisfaction de certains parents concernant la qualité de la communication de la direction, à la suite des différents changements et annonces gouvernementales,

- l’insatisfaction de certains parents concernant les réponses pédagogiques apportées, les objectifs et méthodes d’enseignement hétéroclites. Nous avons demandé des mesures visant à rendre les réponses plus précises et efficaces, et demandé que des mesures de remédiation puissent être envisagées à moyen terme.

Les changements incessants de mesures officielles sont souvent venus effacer des évolutions lentes mises en place à la suite de nos échanges.

Nous savons que l’École nous communiquera ce qu’elle sera en mesure de proposer, à la fois individuellement et collectivement, pour le moyen terme – période estivale et rentrée – dès que la gestion des urgences du quotidien sera terminée.

Nous pensons que l’École saura orienter sa pédagogie vers une stratégie bienveillante, stimulante et équitable, qui permettra à chaque élève de retrouver sa place et ses objectifs de réussite dès la prochaine rentrée.

La collaboration des professeurs entre eux est un élément crucial de cette évolution. L’éloignement l’a rendue très complexe, mais elle semble prendre une forme nouvelle après cette crise, et devrait marquer une différence intéressante entre l’après et l’avant.

La situation d’ensemble de l’Éducation Nationale n’est certainement pas satisfaisante. Elle souffre essentiellement, de notre point de vue, de grandes inégalités entre familles, élèves, professeurs, classes, établissements… mais il suffit de regarder ailleurs, dans d’autres écoles publiques ou privées, ou dans d’autres pays qui ont annulé bien plus d’enseignements, pour relativiser notre situation particulière et nous situer à mi-chemin entre les meilleurs et les pires. En regardant de plus près les “meilleurs”, nous ne sommes pas toujours certains de désirer ce que cela signifie pour nos enfants, même s’il est naturel de toujours souhaiter mieux.

Pour résumer et conclure, voici un bilan partagé entre la direction et l’apeea : non, tout n’est pas parfait et tout n’est pas de la faute des autorités; oui, nous, École et parents, aurions pu mieux faire; oui, tout n’a pas été toujours à la hauteur des attentes; et surtout, oui, nous pouvons compter sur l’École et son esprit éloigné de l’autoritarisme qu’il peut y avoir dans d’autres institutions, avec les défauts et avantages que cela comporte, pour réaliser un bilan sans concessions et progresser… mais modérons nos attentes en cette fin d’année.

Les vice-présidents de l’apeea

Carole Checri, Bisser Alexandrov (Petit Collège)
Benjamin Coutrot, Etienne Li (Grand Collège)

 

 

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