L’École alsacienne a rendu hommage, vendredi 28 septembre, à Jean-Pierre Hammel décédé début août. Il fut directeur du Grand collège puis directeur de l’École alsacienne.

vendredi 28 septembre 2012.

Hommage de Pierre de Panafieu

Jean-Pierre Hammel a veillé sur moi pendant quarante ans. Et je n’en ai pris conscience que lorsque Nicole m’a appris sa disparition.

Sa présence m’était devenue si familière.

Présence d’une figure d’autorité quand j’étais élève. Une autorité imposante, qui disait le mot juste au moment opportun. Il m’en imposait par sa stature, par son regard, par son attention aigüe. La séance de remise de carnet de notes, je la redoutais. Je craignais plus sa moue réprobatrice quand mes notes étaient mauvaises que les remarques de mes parents…

Présence attentive et amusée du censeur de l’Ecole que je venais voir chaque fois que l’on me confiait une nouvelle classe, au début de ma carrière, quand j’allais d’établissement en établissement remplacer des professeurs absents. D’instinct, c’est vers lui que j’allais. Je mentirais si je disais que je n’avais pas en tête l’idée qu’un jour je pourrais peut-être avoir l’honneur d’être professeur à l’École. Mais ce jour me paraissait si hypothétique et si lointain que ce n’était pas le ressort de mon mouvement vers lui. Je savais qu’il allait me prodiguer les encouragements sans concession que j’attendais.

Présence de son intelligence d’éducateur et de sa vigueur quand,  alors que j’étais jeune professeur ici, il a été pendant deux ans mon directeur. Sa calme simplicité, dans la salle des professeurs, quand il allait prendre son café était merveilleuse à voir. C’est à ce moment là que j’ai pris conscience de son courage physique. Un jour de mardi gras, un groupe d’élèves extérieurs à l’École avait réussi à enfoncer la porte en contre bas de la salle des professeurs. Jean-Pierre était là, avec Jacques Gradt et nous nous sommes retrouvés tous les trois à repousser ces assaillants qui nous bousculaient et nous arrosaient de mousse d’extincteurs. Dans cette mêlée, sa force m’en imposa.

Je découvris aussi à ce moment la lumineuse intelligence de ses discours. Il y avait certes des passages obligés, mais de là, il nous invitait à pousser toujours plus haut notre exigence, non seulement envers les élèves, mais surtout envers nous mêmes. Ce passeur nous conduisait là où résidait ce qu’il y avait de meilleur en nous.

Puis vint la présence complice, lorsqu’à vingt-neuf ans, je devenais censeur à mon tour. Il me connaissait tellement bien, et depuis si longtemps, qu’il aurait dû se monter méfiant à l’idée qu’un type si jeune et si inexpérimenté pourrait exercer la fonction qu’il avait si longtemps tenue.  Ce fut le contraire. Avec Georges Hacquard, il n’exprima pas le moindre doute alors que j’en étais envahi. Je me souviens d’un déjeuner, au printemps 1990, au zéro de conduite, (cela ne s’invente pas), durant lequel il me donna, pour la première fois, des conseils. Jusque là, j’avais appris à son contact, en l’observant, en réfléchissant à ce qu’il disait à moi parmi les autres. Ce jour là, il m’a transmis sa vision de l’éducation, de la conduite des équipes, de ce qu’était à ses yeux l’École et sa mission. Je me souviens de tous les instants de ce repas, de chacun de nos mots échangés, l’endroit où nous étions dans la salle, et même du menu. C’est là que le passage du relai s’est fait. Et nous n’avons jamais cessé cette conversation, sous une forme ou sous une autre. Je ne me suis jamais senti jugé par lui, toujours guidé, non vers ce qu’il estimait, lui, nécessaire, mais vers la clarification de mes propres ambitions pour l’École. Le merveilleux de l’histoire, c’est que nous étions d’instinct d’accord.

Au Conseil d’administration, je savais quand il allait intervenir, toujours à un moment extrêmement important de la discussion. Concision, précision, clarté, jusqu’au dernier conseil.  Parfois, je le raccompagnais après le conseil à Viroflay, j’aimais le laisser me dire le chemin…et poursuivre notre conversation dans cette absolue confiance mutuelle.

Je ne voudrais pas terminer sans associer à la mémoire de Jean Pierre, Jacqueline Venin, qui vient, elle aussi, de nous quitter. Jacqueline avait été sa secrétaire avant de devenir la mienne. Son intelligence gouailleuse, sa manière unique de faire absolument ce qu’elle voulait dans la réalisation de sa tâche, avec une efficacité finale assez remarquable. Son rire, ses coups de gueule, ses gaffes qui, après coup, la remplissaient de joie (je me souviens de la gourmandise avec laquelle elle me raconta dans un fou rire qu’un jour, au lieu de finir une lettre signée par Jean Pierre par « avec mes sentiments dévoués, » elle avait écrit « sentiments dévoyés »). Elle était tellement le contraire de Jean Pierre qu’ils s’accordaient à merveille.

Enfin, Chère Nicole, j’ai dit quelle importance avait eu Jean Pierre dans ma vie, mais que dire de la  tienne ? Mon professeur, mon tuteur aux yeux de l’académie, ma collègue et mon amie dont la complicité m’a toujours été si précieuse. Je ne pourrais jamais vous dissocier dans ce que je vous dois.

Pardon d’avoir été si personnel. Je l’ai été avec la certitude que ce que j’ai eu la chance de vivre aux côtés de Jean Pierre, vous l’avez toutes et tous ressenti, peut-être pendant une période moins étendue que moi, mais en la matière, le temps ne compte pas. Nous sommes tous les héritiers de Jean Pierre au sens où nous partageons tous ce qu’il nous a transmis non seulement par la parole, mais par l’exemple.

 

Hommage de Mary-Ange Hurstel  

APEEA

Mesdames, messieurs, chers Parents

Lorsque j’ai proposé à Pierre de Panafieu de dire un mot ce soir, au nom des parents d’élèves de l’Ecole, je savais que cela ne serait pas très facile ayant peu connu JP Hammel et parlant après ou avant certains qui ont eu la chance de bien le connaître voir même de le compter parmi leurs amis

 

Mais il me semblait important de le faire pour  nous…..parents de l’Ecole d’aujourd’hui qui sommes d’une certaine façon « les héritiers des parents d’hier «

Ce mot : « héritier » est un terme que JP Hammel a utilisé dans son livre » les habits des héritiers » petit livre que je vous recommande où il raconte avec beaucoup de modestie son passé de jeune résistant

Et donc la première tache des héritiers est de remercier

 

En effet JP Hammel a consacré près de 40 ans de sa vie à l’ Ecole Alsacienne, aux enfants de cette Ecole et  donc d’une certaines façon aux nôtres encore

Il faisait avec  Georges Hacquart un duo exemplaire, chacun influençant l’autre, avec sa propre personnalité et ceci pendant 32 ans,  je ne décrirai pas ces années mais les résumerai par la façon dont Jean Pierre Hammel aimait décrire son métier : « enseignant » ? « je préfère dire éducateur. »

Educateur … ? Lors de l’inauguration du bâtiment  du censorat JP Hammel, s’est exprimé ainsi :

« Elever, aimer un enfant, un adolescent, c’est d’abord être exigeant, parfois même sévère…mais toujours avec la volonté de faire qu’il comprenne que notre attitude était dans son intérêt «  c’était pour lui un véritable engagement dans l’esprit d’être « Etre au service des autres »

Si aujourd’hui nous mettons toujours nos enfants dans cette Ecole c’est parce que cette façon de s’exprimer continue à être mise en pratique, ce même esprit souffle toujours à l’Ecole, c’est en tout cas notre souhait de parents, le plus fort.

Vous me permettrez, un souvenir personnel, c’est celui de nos quelques rencontres trop rares, au conseil d’administration…je le revois assis, souvent à la même place, entre Lise Grivois et Marianne Bauer attentif, élégant, toujours courtois, ses remarques étaient frappantes d’humanité et de justesse.Dans ses propos, les enfants étaient toujours au centre de ses préoccupations  avec une sorte d’autorité naturelle qui faisait qu’il imposait le respect.

En interrogeant les uns et les autres, anciens élèves, collègue du Comité, j’ai remarqué que plusieurs expressions revenaient souvent pour le décrire :

- Il avait une autorité naturelle,

- il connaissait chacun d’entre nous,  il rendait lui-même tous les bulletins, cela nous faisait quelque fois peur !

- Il était quelqu’un de juste,

- Il aimait les gens

- Il était continuellement en recherche

 

Tout ceci loin de nous laisser dans une nostalgie d’une époque passée doit nous permettre de continuer à nous appuyer avec confiance sur cette Ecole, sa Direction pour lui confier ce que nous avons de plus précieux : nos enfants….

Jean Pierre Hammel s’inscrit dans  le prolongement des fondateurs de l’Ecole,  belle tradition qui trouve ses racines dans l’humanisme chrétien,pleinement respectueux de la laïcité.

Aujourd’hui l’Ecole continue son chemin, je suis heureuse au nom des parents d’élèves de rendre cet hommage à JP Hammel, je n’oublie pas aussi ce soir toute sa famille, son épouse en particulier qui a aussi beaucoup donné pour l’Ecole, en particulier en tant que professeur d’histoire géographie.

Je terminerai en remerciant la Direction actuelle d’être ce qu’elle est et de continuer avec confiance et détermination la belle histoire de l’Ecole Alsacienne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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APEEA

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